Le voyage de la femme sans mahram pour accomplir un pèlerinage
Cheikh Mouhammad Ibn Salih Ibn ’Outheymine
Question : Une femme veut se rendre à Jeddah afin d’accomplir une Umra. L’un de ses Mahârim l’accompagne à l’aéroport de Riyad, puis elle prend l’avion et un autre Mahram l’accueille à Jeddah. Est-ce que ceci est permis ?
Réponse : Si cette chose s’est déjà produite, on ne peut pas revenir dessus ; cela n’empêche que ce soit quand même un acte illicite, car il rentre dans le sens général du hadith du Prophète, sur lui la prière et le salut d’Allah :
« La femme ne doit voyager qu’avec un Mahram. » (1)
En voyageant sans Mahram, cette femme a fait ce que le Messager d’Allah, prière et salut d’Allah sur lui, a interdit de faire. Toutefois, l’on pourrait se dire : le Messager d’Allah, sur lui la prière et le salut d’Allah, a émis cette interdiction par crainte d’engendrer un inconvénient, or il n’y a aucun inconvénient si un Mahram accompagne la femme à l’aéroport de départ, et qu’un autre Mahram l’accueille à l’aéroport d’arrivée. Donc, il n’y a pas de mal à effectuer le voyage ainsi puisque l’inconvénient a disparu.
La réponse à ceci est que l’Envoyé d’Allah a donné une interdiction absolue. Lorsqu’il a dit :
« La femme ne doit voyager qu’avec un Mahram. »,Un homme s’est levé alors et a dit :
« Ô Envoyé d’Allah ! Ma femme est partie au pèlerinage, alors que j’étais engagé dans telle bataille. » Le Prophète, sur lui la prière et le salut d’Allah, répliqua :
« Vas faire le pèlerinage avec ta femme. » (2)
Le Messager d’Allah , sur lui la prière et le salut d’Allah, a donc ordonné à l’homme d’annuler sa participation à la bataille pour accompagner sa femme. Est-ce que le Prophète, sur lui la prière et le salut d’Allah, a demandé à cet homme des détails sur les conditions de voyage de sa femme ?
Lui a-t-il dit : « Ta femme est-elle en sécurité ? » Non, il ne l’a pas fait.
Lui a-t-il demandé : « Est-elle accompagnée d’autres femmes ? » Non, il ne l’a pas fait.
Lui a-t-il dit : « Ta femme est-elle jeune ou âgée ? » Non, il ne l’a pas fait.
Donc, le propos du Prophète doit rester dans sa généralité, surtout que l’histoire de cet homme va aussi dans le même sens. Je vous prie de bien suivre ce que je vais dire concernant la réfutation du fait qu’un Mahram accompagne la femme à l’aéroport soit une condition suffisante.
Si je suis dans l’erreur, alors corrigez-moi, mais si je dis vrai, je vous prie d’approuver mon avis et d’avertir les gens. En général, seuls les voyageurs ont le droit d’entrer dans la salle d’embarquement. Donc, le Mahram qui doit accompagner la femme à l’aéroport va en fait l’accompagner jusqu’à cette salle, puis s’en retourner. Est-il sûr à cent pour cent après son retour que l’avion aura décollé à l’heure prévue ? Non, celui-ci peut avoir du retard.
Puis, si on suppose que l’avion décolle comme prévu et prend sa trajectoire, est-il garanti que les conditions de vol resteront propices ou bien peut-il y avoir des cas qui imposent le retour de l’avion ?
Réponse : ces cas sont envisageables.
Puis, supposons que l’avion continue sa trajectoire normalement et qu’il parvienne à destination, il peut y avoir des conditions qui empêchent l’atterrissage, ce qui oblige l’avion à aller se poser ailleurs. Qui va donc accueillir la femme dans l’autre aéroport ?
Et même si l’avion atterrit à l’aéroport prévu, est-ce que la présence du Mahram qui doit l’accueillir est garantie au moment précis de l’atterrissage ? Non, celle-ci n’est pas garantie. En effet, il peut être atteint par une maladie, se perdre ou être retenu dans un embouteillage. Tout ceci est possible, n’est-ce pas ?
Mais supposons maintenant qu’on est à l’abri de tous ces inconvénients, et que tout se passe comme prévu. Reste à savoir qui va s’asseoir à côté de la femme dans l’avion. Seul Allah le sait. Il se peut qu’elle s’assoie à côté d’un homme chaste et jaloux de l’honneur des musulmans. Il va donc la protéger. Il se peut qu’il soit même meilleur que son Mahram.
Mais il est probable aussi qu’elle s’assoie à côté d’un homme pervers, rusé, déloyal qui va la provoquer et tenter de la séduire. Puisque donc l’affaire demeure dangereuse, et que le législateur accorde une attention particulière à la préservation de l’honneur à tel point qu’Allah a dit (traduction rapprochée) :
« Et n’approchez point la fornication » (3)
et n’a pas dit : « Ne forniquez pas », pour que nous nous éloignions de tout ce qui peut amener à la fornication, alors il est un devoir pour chaque croyant qui craint Allah, qu’Il soit élevé, et qui est jaloux pour ses Mahârim de ne laisser aucune parmi celles-ci voyager sans Mahram.
Ceci reste une chose facile : vous n’avez en effet qu’à partir avec elle et retourner sans que cela ne cause aucune gêne.
Et les louanges sont à Allah.
(1) Rapporté par Al-Bukhârî dans le chapitre du combat (n°3006), et par Muslim dans le chapitre du pèlerinage (n°1341).
(2) Ibid.
(3) Le Voyage Nocturne, v. 32.
Fatwa de cheikh Otheimine, Fatwas (2/590)
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