Le jugement relatif au fait d’emprunter de l’argent en billets et de le rendre au bout d’un délai dans une autre monnaie
Shaykh Ali Mohamed Ferkous
J’ai un ami qui habite à l’étranger et à qui j’ai demandé de m’acheter certaines choses moyennant la monnaie de son pays [en considérant cela comme prêt]. On s’est convenu que je lui rende la somme dans la monnaie locale en la donnant à son frère qui est avec nous. Quel est le jugement relatif à cette transaction ? Qu’Allah vous récompense.
Louange à Allah, Maître des Mondes. Paix et salut sur celui qu’Allah a envoyé en miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection. Ceci dit :
Il est connu que pour que le change de monnaie soit valable, il est une condition que le change se fasse en même temps dans le lieu de contrat. Le Prophète صلى الله عليه وسلّم dit, en effet, dans le hadith rapporté par ‘Oubâda ibn As-Sâmit رضي الله عنه :
« Lorsque ces catégories [de biens] diffèrent, alors, vendez comme vous le voulez, si c’est de la main à la main. »(1)Il dit, également, dans le hadith rapporté par Abou Sa‘îd Al-Khoudrî رضي الله عنه :
« Ne vendez pas de l’or contre de l’or si ce n’est en échangeant deux quantités équivalentes et ne faîtes pas en sorte qu’une des deux quantités échangées soit supérieure à l’autre ; et ne vendez pas de l’argent (c’est-à-dire le métal) contre l’argent, si ce n’est en échangeant deux quantités équivalentes et ne faîtes pas en sorte qu’une des deux quantités échangées soit supérieure à l’autre ; et ne vendez pas de l’or ou de l’argent présent contre de l’or ou de l’argent qui ne l’est pas. »(2) Le prêt, quant à lui, a pour condition d’avoir un délai et il n’est pas valable de mettre l’acte de vente à la place du prêt puisqu’ils sont différents du point de vue de cette condition. Ainsi, celui qui emprunte de l’argent dans une monnaie étrangère par exemple et charge une personne d’acheter (une marchandise) pour lui n’a pas le droit de lui rendre une autre monnaie que celle qu’il lui a empruntée, car cela transforme l’opération en achat-vente, qui a pour condition l’échange instantané dans le lieu de l’acte avant que les deux parties ne se quittent. Il lui incombe, donc, de lui rendre la même monnaie qu’il lui a empruntée s’il en a la possibilité, pour éviter de tomber dans une forme d’usure conditionnée (Ribâ An-Naşî’a) inhérente aux opérations d’achat-vente.
Le savoir parfait appartient à Allah سبحانه وتعالى, et notre dernière invocation est qu’Allah, Seigneur des Mondes, soit Loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection.
(1) Rapporté par : Mouslim (4063), Ahmad (23396) et Ad-Dâraqoutnî (2915), d’après ‘Oubâda ibn As-Sâmit رضي الله عنه.
(2) Rapporté par Al-Boukhârî (2068) et Mouslim (4054), d’après Aboû Sa‘îd Al-Khoudrî رضي الله عنه.
Source :
http://www.lavoiedroite.com/fatwas/le-jugement-relatif-au-fait-demprunter-de-largent-en-billets-et-de-le-rendre-au-bout-dun