La prière du Tarâwih
SHeikh Sâlih Ibn Fawzân al-Fawzân (qu’Allâh le préserve)
mardi 14 juin 2016, par Ismaïl Ibn Hâdî
La prière du Tarâwih pendant le Ramadhân est une Sounnah fortement recommandée et elle est légiférée en groupe. Le Prophète
l’a priée avec ses Compagnons quelques nuits du mois de Ramadhân, puis ensuite l’a arrêtée pour la prier chez lui. Il les a informés que s’il avait cessé avec eux, c’était par crainte que cela ne leur soit rendu obligatoire. Il a donc légiféré cette Sounnah avec eux lorsqu’il a prié en leur présence ces quelques nuits, pour ensuite la délaisser avec eux par crainte qu’elle ne leur soit imposée. Elle constitue en soi une Sounnah et non une obligation.
Les Compagnons l’ont priée à leur époque de manière séparée, certains priaient seul, d’autres à deux, d’autres à trois et d’autres plus encore. Ils priaient ainsi de manière séparée dans la mosquée, et ont agi de cette manière à l’époque de Abû Bakr
, et jusqu’à la succession du Califat de ‘Oumar
composé de plusieurs groupes de prieurs. Ensuite, ‘Oumar
a choisi de les faire prier derrière un seul imâm, afin de changer le fait qu’il y ait plusieurs groupes de prieurs dans la mosquée. Il les a donc réunis autour d’un seul imâm en refaisant vivre cette Sounnah qu’avait réalisée le Prophète
, et qu’il avait délaissée pour une raison valable qui était la crainte que cela ne leur soit rendu obligatoire, car, certes, après la mort du Prophète
la révélation cessa avec lui. Ce qui veut dire qu’il n’y a plus de choses rendues obligatoire après la mort de l’Envoyé
. Et perdura après sa mort le fait que les gens priaient séparément dans la mosquée, et ce n’était donc pas une bonne chose en soi, car l’obligation pour les musulmans à la base est l’union. En conséquence, il s’imposa de réunir les musulmans pour prier derrière un seul imâm. ‘Oumar
a rassemblé les musulmans derrière Oubey Ibn Ka’b, qui présidé la prière en faisant vingt unités de prière, avec la prière du Witr, cela donnait vingt-trois (23) unités de prière. C’est de cette manière que les Compagnons
ont agi dans la mosquée de l’Envoyé d’Allâh
, en présence des Auxiliaires et des Ansars du Califat de ‘Oumar, qui était le deuxième des Califes.
Des savants ont vu qu’il fallait prier trente-six unités de prière, d’autres ont vu plus que cela, d’autres ont vu treize unités, et d’autres onze unités de prière. Toutes ces choses indiquent en fait qu’il n’y a pas de nombre précis et déterminé. Celui qu’il le souhaite peut prier vingt-trois unités, comme les Compagnons l’ont fait, d’autres peuvent prier onze ou treize unités, comme avait pu le faire le Prophète
, et d’autres plus encore s’ils le veulent.
SHeikh al-Islâm Ibn Taymiyyah
dit qu’il faut en revenir à la description de la prière, que celui qui prie en allongeant les postures debout et assises et prosternations, comme le Prophète
l’a fait, qu’il prie onze unités ou treize unités ; pour ceux parmi les gens qui ne peuvent supporter de longues prières, le Prophète
a dit : «
Quiconque, parmi vous, dirige la prière des fidèles, qu’il l’allège, car il est parmi eux des petits, des personnes âgées, des faibles et des malades. » [1] Lorsque les gens ne peuvent pas supporter, l’imâm prie en allégeant la prière et en augmentant les unités de prières. Et dans la première façon de faire, il allonge la prière et diminue les unités de prière. C’est de cette façon que le Prophète
faisait. L’affaire est donc large à ce sujet, car le Prophète
n’a pas indiqué de nombre précis dans la prière du Tarâwih, si ce n’est d’accomplir les prières nocturnes du Ramadhân.
Le Prophète
a dit : « C
elui qui jeûne le mois de Ramadhân avec foi et en espérant la récompense, ses péchés précédents lui sont pardonnés. » et aussi : «
Certes celui qui prie avec l’imâm jusqu’à ce qu’il termine, il lui est écrit la nuit de prière complète », il n’a pas précisé de nombre. Cela indique que l’affaire est large. Il n’a pas fixé de limite à la prière du Tarâwih. Cela dépend de la façon de la faire. Celui qui réalise de courtes unités de prière, augmentera les unités de prière, comme le faisaient les Compagnons
. Et celui qui allonge les unités de prière, raccourcira le nombre d’unités, comme le faisait le Prophète
, qui allongeait les unités de prière. Il pouvait prier en deux unités de prière la sourate « La vache », « La famille de ‘Imrân », « Les femmes ». Il ne passait pas un verset mentionnant la miséricorde, sans qu’il ne demande la miséricorde, et il ne passait pas un verset mentionnant le châtiment, sans en demander d’en être protégé, et il priait seul. Il a certes dit
: «
S’il prie seul, il peut allonger sa prière comme il le veut. »
En résumé, la question du nombre dans la prière du Tarâwih n’a pas été précisée. Cela dépend de la façon de la réaliser. Celui qui prie seul allongera sa prière et diminuera son nombre d’unités de prière, comme le faisait le Prophète
. Et celui qui diminuera sa prière, augmentera son nombre d’unités, comme l’ont fait les Compagnons
. C’est ce qui est le plus juste, et c’est ce qui est le plus conforme et ce sur quoi sont rassemblées les preuves.
Et s’il est dit, le Prophète
n’a pas prié plus de onze unités de prière, et quiconque prie plus que cela est un innovateur, comme le disent certains enseignants, cela est une erreur. Car à travers cela, ils disent que les Compagnons ont commis une erreur. Et parmi eux, les Califes comme ‘Oumar, ‘Outhmân, ‘Alî, et parmi eux, les Émigrés et les Auxiliaires. Ils ont prié dans la Mosquée du Prophète
vingt-trois (23) unités de prière à leur époque. Cette parole telle que nous l’avons citée est une façon d’accuser les Compagnons d’être des innovateurs – Et il n’y a de force et de puissance qu’en Allâh ! Cela est une exagération dans les dires.
L’affaire est large, celui qui prie de longues prières diminue les unités de prière, et celui qui raccourcit ses prières, augmentera ses unités. Cela est un droit de l’imâm qui prie en groupe. Mais lorsque la personne prie seule, elle peut prier comme elle le souhaite. Le Prophète
a dit : «
Quiconque, parmi vous, dirige la prière des fidèles, qu’il l’allège, car il est parmi eux : des petits, des personnes âgées, des faibles et des malades. S’il prie en solitaire, qu’il l’allonge autant qu’il voudra. » [2] [3]
Notes
[1] Rapporté par al-Bukhârî et Muslim
[2] Rapporté par al-Bukhârî et Muslim
[3] al-Imdâd bi-tayssîr az-Zâd Charh ’ala Zâd il-Moustaqni’ du SHeikh Sâlih al-Fawzân, 1/479-482
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